Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Lisez l'éditorial de Témoignage Chrétien

                               

                             medium_3211.gifLe dernier numéro de Témoignage Chrétien affronte avec courage et engagement la question des enfants scolarisés menacés d'expulsion en titrant en une "Sans-Papiers : la chasse est ouverte".

Le reste du dossier est à l'avenant et notamment l'article consacré aux collectifs de Lannion-Paimpol et de Nantes intitulé "L'Ouest ne perd pas le Nord" et signé Nolwenn Mailer rencontrée il y a une quinzaine de jours. A lire absolument ... 

 

 

 

 

 

 

Au nom des plus petits de nos frères   par Noël Bouttier

Ainsi donc, MM. Villepin, Sarkozy et quelques autres ont décidé qu’avec le début des grandes vacances scolaires, commençait la chasse aux sans-papiers. Ainsi donc, la France, qui continue à seriner la rengaine des droits de l’homme, se prépare tranquillement à renvoyer « chez eux » hommes, femmes et enfants, au motif qu’ils n’ont pas le fameux parchemin qui autorise à séjourner dans notre cher pays. Ainsi donc, puisque lois, circulaires et tutti quanti ont été édictées dans les règles de l’art, il nous faudrait accepter que des bambins de la République, ceux qui ont usé leurs fonds de culotte sur les bancs de la « laïque », soient expédiés dans un pays qu’ils ne connaissent pas, ou si peu, et qui n’est finalement pas le leur. Eh bien non ! MM. Villepin, Sarkozy et consorts, nous sommes des centaines de milliers à refuser le piétinement des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité auxquelles nous sommes fidèles. Les vrais républicains ne sont pas ceux que l’on croit…

Votre volonté de faire, des gosses et de leurs parents, les boucs émissaires du malaise français témoigne d’un mépris de l’humain. Que cherchez-vous au fait ? À réduire les statistiques – qui d’ailleurs n’existent pas – des « clandestins ». Vous parlez de clandestins, comme s’ils n’avaient pas d’identité, comme s’ils n’étaient pas connus de tous, commerçants, enseignants, élus et… police. Pour faire passer la pilule, vous annoncez des passe-droits et enrobez cela d’un zeste d’humanité. Mais nous ne sommes pas dupes de vos médiocres calculs de politiciens prêts à renvoyer nos voisins pour glaner quelques (hypothétiques) voix en 2007. Alors, nous sommes, nous serons, des milliers à nous déclarer parrains de nos alter ego asiatiques, africains, latinos ou est-européens (1). D’ailleurs, vos services, s’ils travaillent bien, pourront vous renseigner sur nos identités. Les centaines d’opérations de parrainage républicain sont ouvertes à tous. Ce n’est pas le cas des bureaux des étrangers de vos préfectures, officines du non-droit et de l’arbitraire.

Non, la loi n’est pas de notre côté. De toute façon, avec votre majorité bétonnée – quoique de plus en plus fissurée –, vous pourriez décider d’aller encore plus loin dans la chasse aux sans-papiers. À part quelques humanistes aussi sincères qu’isolés, qui s’en émouvrait dans vos rangs ? Nous sommes bien d’accord que les migrations internationales posent des questions et que les grands principes généreux ne font pas toujours une bonne politique. Certes, mais à condition de ne pas s’asseoir sur des principes imprégnés de la philosophie des Lumières et des grandes sagesses spirituelles…

« Toutes les fois que vous l’avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait »(2). Cette phrase de l’Évangile – que vous devez connaître – est au cœur de l’engagement des chrétiens conséquents qui ne sont pas prêts à passer ce message par pertes et profits. Les « plus petits » sont ces gamins auxquels vous interdisez un avenir ici. Vous savez pourtant, car vous avez des éclairs de lucidité, que la France vieillissante aura besoin de nouveaux migrants. Vous voulez les « choisir » – curieuse terminologie – alors même que votre police traque des milliers d’étrangers installés chez nous depuis des années. Messieurs les gouvernants, libérez-vous de vos œillères idéologiques. La France fraternelle que vous appelez de vos vœux, paraît-il, est inconciliable avec la traque des « plus petits de nos frères ». Par canicule ou par grand froid, nous ne vous laisserons pas faire tranquillement une chasse à l’homme qui ne dit pas son nom.

1. Dans notre numéro du 13 juillet, nous souhaitons publier des témoignages de parrains de sans-papiers. Envoyez-les si possible par courriel e-mail
2. Citée dans une interview à « Faim et développement » (juin 2006) de Claude Schockert, évêque de Belfort-Montbélliard, président de la Commission pastorale des migrants.

 

Les commentaires sont fermés.