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Discours Collectif Enfants Etrangers lu le 1er juillet

Le Collectif Enfants Etrangers Citoyens Solidaires, fondé en mars 2004 à l’initiative de parents d’élèves de l’école Stalingrad à Nantes, notamment autour de Cécile Bir (grande absente du jour pour des raisons familiales et à qui nous adressons une pensée amicale), c’est aujourd’hui l’histoire de parents, d’enseignants, de représentants d’associations, de citoyens, bref d’hommes et de femmes  indignés qui n’ont cessé de se mobiliser pour la régularisation de familles d’origine étrangère. Des familles dont les enfants sont scolarisés, souvent depuis plusieurs années,  dans les écoles, collèges et lycées de l’agglomération nantaise et du département.

Depuis plus de deux ans, de manif en manif, de pétitions en occupations d’école, nous n’avons eu de cesse d’attirer l’attention de la Préfecture sur la situation de ces personnes, pour lesquelles, parfois, devant l’urgence de la situation, nous avons dû trouver des solutions de logement, là où les pouvoirs publics n’ont longtemps offert comme perspective d’asile que la rue.

Au printemps 2005, devant la surdité chronique d’une Préfecture chargée d’appliquer la politique que l’on sait, nous nous sommes à nouveau tournés vers deux institutions, dont les représentants, Mrs Mareschal et Ayrault, nous ont semblé devoir porter la voix de tous ceux qui, de plus en plus nombreux, refusent le sort réservé aujourd’hui aux émigrants. A des hommes, des femmes et des enfants qui, depuis plusieurs années, ont trouvé dans les écoles et les quartiers de notre cité au-delà d’une protection et d’un asile, l’espérance d’une vie meilleure en cours de reconstruction.

En juin 2005, grâce à des soutiens de marque tels que Jacques Gaillot, Albert Jacquard et Michel Tubiana, notre lutte pour la régularisation des demandeurs d’asile nantais a trouvé un nouvel écho dans la rue.

Aujourd’hui encore, à la veille des vacances scolaires, la situation reste plus préoccupante que jamais pour une grosse centaine de familles déboutées du droit d’asile, souvent privées d’un toit fixe et des droits les plus élémentaires (l’accès au travail, à la santé, aux déplacements), sans compter tous ceux que notre société revendique parfois pour des animaux.

Deux ans plus tard, nous refusons toujours d’accepter sans rien dire que nos enfants voient, du jour au lendemain, partir leurs camarades vers des destinations traumatisantes : un pays plus ou moins connu où de réels dangers mettraient en péril la vie des enfants et de leurs parents, la rue, un centre de rétention où la situation se dégrade de jour en jour et où la présence d’enfants est désormais un fait avéré (voire cyniquement préparé, comme dans les toutes nouvelles installations récemment inaugurées à Paris ou à Toulouse).

En dépit de nouvelles marques de soutien apportées par les collectivités locales et l’association l’Accueil d’Abord, des enfants, des personnes malades, âgées, vont, cet été encore, se retrouver à la rue sans logement, dans la plus grande humiliation, la plus totale désespérance.

 

Le plus souvent, ces femmes, ces hommes, ces enfants ont fui la guerre, la misère avec l’espoir que la France leur offrirait des conditions de vie dignes d’êtres humains. Notre pays a les moyens de les accueillir, comme il a les moyens et le devoir d’éradiquer la misère sur son sol.

 

Nous ne doutons pas que demain,  palliant et dénonçant les inconséquences de la politique d’immigration menée par le Ministre de l’Intérieur, les collectivités locales sauront, en accordant un hébergement à toutes ces personnes, prendre leurs  responsabilités  comme elles l’ont fait en parrainant, élus en tête, des enfants et leurs familles aujourd’hui à Nantes ou à St-Sébastien, hier à St-Herblain ou à la Chapelle sur Erdre.

 

A l’heure où, malgré les effets d’annonce à répétition d’un Nicolas Sarkozy aux abois sur le terrain même où il se voyait si  aisément triompher,  

 

à l’heure où la police, comme au Mans récemment, n’hésite plus à entrer dans les écoles pour rafler des enfants,  

 

à l’heure où, récemment trahie par le zèle d’un maire du Maine & Loire qui, aujourd’hui même, aurait dû la marier, Mme Camara se retrouve à Dakar loin de celui qu’elle aime, 

 

à l’heure aussi où, comme ici aujourd’hui et partout ailleurs en France, des réseaux de vigilance et de solidarité, ne cessent d’émerger et de s’étoffer, preuve que nos concitoyens rejettent le regard sale que Mrs Le Pen, De Villiers et Sarkozy voudraient les voir porter sur l’étranger,

 

 

nous, parents d’élèves, enseignants et citoyens, soudés au sein du Collectif Enfants Etrangers Citoyens Solidaires, tenons à  réaffirmer aujourd’hui haut et fort que, seule, une régularisation urgente de leur situation administrative permettra à toutes et tous l’accès à une vie décente auquel chaque être humain a droit.

 

Plus déterminés que jamais, plus nombreux et plus organisés que jamais, nous ferons preuve tout l’été d’une extrême vigilance et n’accepterons, à la rentrée de septembre, aucune chaise vide dans les classes de nos enfants ou dans celles de nos élèves.

 

Merci à tous.

 

Frédéric CHERKI

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