Des rires sur une larme. François BIKINDOU - L'Harmattan
Patricia Martin, ce matin sur les ondes de France Inter, nous a conseillé la lecture d'un premier roman intitulé "Des rires sur une larme" signé François BIKINDOU, journaliste à la BBC.
Voici le descriptif de l'ouvrage trouvé sur le site de France Inter à la page http://www.radiofrance.fr/chaines/france-inter01/information/chroniques/titre/index.php.
François BIKINDOU est originaire du Congo Brazzaville et on imagine facilement que ce roman est inspiré de sa propre expérience.
Frédéric, le personnage principal, est lui aussi africain, il a 35 ans, il est marié, a 2 enfants. Il est le correspondant d'une radio britannique (la British International Broadcasting qui ressemble trait pour trait à la BBC), jusqu'au jour où une rébellion éclate contre le pouvoir en place.
Frédéric fait son métier en toute conscience, il rend compte des faits du mieux qu'il peut mais il est pris dans un engrenage épouvantable qui le conduit à devoir quitter son pays, seul, laissant là sa petite famille.
Bien lui en a pris puisque la nuit même de son départ, des éléments de la garde présidentielle venaient l'arrêter.
Quelques heures d'avion plus tard, il se retrouve à Londres, exilé, démuni, mais aussi plein d'espoir.
L'angleterre est, dit-on, bonne fille, elle sait accueillir les réfugiés de tout poil, à fortiori lorsqu'il s'agit de demandeurs d'asile politique.
Des Arabes, des Asiatiques et des Noirs. Silencieux et pensifs dans une salle du Home Office, en attente d'une carte de demandeur d'asile, ou à défaut d'un soutien : Une chambre, un peu d'argent pour pouvoir manger. "On dirait des naufragés échoués sur un banc de sable", écrit l'auteur.
En quelques 140 pages, ceux que l'on désigne avec une certaine suspicion et parfois même du mépris comme la misère du Tiers Monde prend forme humaine.
Ce qui m'a plu dans ce livre, c'est que les rires y sont plus bruyants que les larmes.
Bien sûr Frédéric et ses compagnons d'infortune sont parfois au fond du trou, désespérés, culpabilisés lorsqu'ils pensent à ceux qu'ils ont laissés derrière eux, bien sûr il sont humiliés qu'on puisse les prendre pour des menteurs (et des faiseurs, il y en aura parmi les demandeurs d'asile, l'auteur ne le cache pas), mais le moindre signe d'espoir, le moindre courrier de l'administration devient une vraie fête.
On pleure beaucoup dans les cabines téléphoniques lorsqu'on appelle pour avoir des nouvelles du pays, et il y a des jours où - Je cite François BIKINDOU - "On aimerait être à la place du bon Dieu pour pouvoir ramener le film de sa vie en arrière et en changer l'itinéraire".
Qu'il est long le chemin de l'exil et combien est difficile la quête d'un statut.