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L'expulsion de Nicole Masese dans l'Humanité

Une sans-papier cueillie aux urgences à Nantes

Droits de l’homme . La semaine dernière, le CHU a remis une patiente à la police qui cherchait à l’expulser du territoire.

Triste jour pour la démocratie française : pour la première fois, une femme sans papiers a été cueillie par la police de l’air et des frontières aux urgences d’un hôpital pour être immédiatement expulsée du territoire. Cette ignominie a eu lieu au CHU de Nantes (Loire-Atlantique), dans la nuit de jeudi à vendredi, la semaine dernière.

Nicole Masese, jeune Congolaise, et son fils de six ans, étaient assignés à résidence dans un hôtel quand ils ont appris leur expulsion pour le lendemain. Panique, malaise, les pompiers emmènent la jeune maman en grande détresse aux urgences.

Mais la loi, c’est la loi, et, dans certains cas, elle s’applique sans faiblir et sans délai : à la demande des policiers, le CHU de Nantes leur a remis la patiente « rétablie ». L’enfant récupéré chez une amie, les quelques affaires à l’hôtel, direction l’aéroport pour un vol vers les Pays-Bas où la jeune femme avait déposé, avant son séjour en France, une demande d’asile.

Pour se justifier, la police dit que cette femme était consentante et qu’elle n’a opposé aucune résistance. C’est sans doute vrai. Les militants qui l’ont approchée parlent tous d’une femme traquée, épuisée, à bout de souffle, isolée... et terrorisée à l’idée de se retrouver aux Pays-Bas, entre les mains du réseau de prostitution qu’elle disait avoir réussi à fuir. Une fois sur place, Nicole Masese a passé un coup de fil à une amie : elle ne savait pas où aller, n’avait aucun argent, était perdue. Depuis, aucune nouvelle.

La presse locale dit l’embarras de la préfecture et de la direction du CHU face à cette collusion contre nature. Mais en page 6 de la circulaire du 21 février 2006 signée par les ministres de l’Intérieur et de la Justice, on trouve l’explication d’une telle attitude : évoquant les endroits où l’arrestation des sans-papiers est légale, il y est précisé que c’est le cas des halls d’accueil et des salles d’attente des hôpitaux, puisqu’il s’agit d’espaces publics. Le texte laissait entendre que c’était aussi le cas du bloc opératoire. Oseront-ils ?

Dany Stive

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