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Expulsion de Nicole vue par Libération

paru dans libération aujourd'hui

A Nantes, une sans-papiers cueillie à sa sortie d'hôpital
Une Congolaise et son enfant de 6 ans ont été expulsés vers les Pays-Bas.
Par Nicolas de la CASINIERE

QUOTIDIEN : vendredi 27 octobre 2006
Nantes correspondance

C'est parce qu'elle a été prévenue par un agent hospitalier d'accueil que la police a récemment arrêté une jeune congolaise à la porte des urgences de l'hôpital de Nantes. Sans papiers, Nicole Masese et son enfant de 6 ans ont été expulsés vers les Pays-Bas, en application des accords européens. «C'est une réadmission pour que sa demande d'asile y soit examinée et ce n'est pas un pays où règne la dictature», tente de tempérer la préfecture de Loire-Atlantique.
Prostitution. Sa demande d'asile a effectivement été déposée aux Pays-Bas, mais la jeune femme et son fils s'étaient justement réfugiés en France pour échapper à un réseau de prostitution dans ce pays. Assignée à résidence dans un hôtel nantais, elle avait alerté le Samu, le 19 octobre, pour des malaises. Après avoir été examinée par un praticien de SOS Médecins, elle avait été transférée aux urgences par les pompiers. Son expulsion lui est annoncée pour le lendemain. Elle manifeste alors une grande détresse psychologique, est prise de vomissements et crache du sang.
Le gérant de l'hôtel a averti la police de son admission aux urgences. Pour ne pas patienter devant l'hôpital, la police aux frontières (PAF) demande à un agent d'accueil de l'alerter juste avant la sortie de la jeune femme. Un coup de fil prévient effectivement la PAF dans la nuit de jeudi à vendredi. Embarquée aussitôt, Nicole Masese est conduite là où elle avait laissé son enfant en garde. Après un rapide passage à l'hôtel pour récupérer des bagages, ils sont dirigés vers l'aéroport et expulsés sur-le-champ.
«Outrée». L'émoi est vif au sein du personnel hospitalier, même si certains considèrent comme normal de livrer ce type de renseignement à la police. Le personnel hospitalier n'a aucune directive à ce sujet, aucune obligation administrative, mais le directeur général adjoint de l'hôpital fait savoir que, «s'il y a un ordre de la police, on doit obéir». Même si le droit du travail ne prévoit aucunement cette obligation. La CGT de l'hôpital se dit «outrée» : «On se croirait soixante ans en arrière !» La CFDT ne partage pas l'indignation : «Le CHU n'est pas complice et ce n'est pas de la délation, explique Catherine Olivier, secrétaire de la section de l'hôpital. Le dossier médical mentionnait "première personne à prévenir : la PAF". Le directeur de garde aux urgences a donné l'autorisation de l'appeler. Le personnel était couvert. La patiente était consentante et la procédure policière enclenchée avant l'entrée aux urgences.» L'émotion est tout autre au sein du collectif Enfants Etrangers Citoyens solidaires, qui suivait la jeune femme et son enfant : «On sait aujourd'hui que même l'hôpital et ses abords ne sont plus un havre de paix pour les plus fragiles d'entre tous.»


http://www.liberation.fr/actualite/societe/213303.FR.php

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