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La Revue de Presse d'Isabelle ...... A lire absolument

REVUE DE PRESSE :

Avant de crier haro sur l‚inhumanité du monde, jetez vous sur l‚Humanité qui, ces derniers jours, nous offre en ligne, quelques contributions indispensables à la sérénité des débats, histoire de prendre ou reprendre la mesure des choses∑ et un peu de recul.



@ Hervé Le Bras, démographe, directeur d‚études à l‚EHESS et chercheur à l‚INED, dans un article intitulé „ France, terre d‚émigration‰, balaie deux arguments qui reviennent avec insistance sur le devant de la scène polémique de la régularisation des sans-papiers.





« France, terre d‚émigration »

„Les régularisations de sans-papiers pourraient créer un appel d‚air pour deux raisons différentes :

1. Des étrangers qui estiment pouvoir se mettre dans la même situation que les régularisés actuels chercheraient à entrer clandestinement en France dans l‚espoir d‚une régularisation ultérieure.

2. Les places de clandestins au travail et dans la cité qu‚occupent les régularisés seraient récupérées par de nouveaux clandestins.

Le premier cas est hautement improbable tant les six conditions de cette régularisation précipitée sont bizarroïdes : avoir un enfant scolarisé depuis deux ans, que cet enfant soit mineur et ait commencé sa scolarité en France avant treize ans, que la majorité de la famille réside en France depuis deux ans au moins, etc. Supposons donc qu‚un Congolais ou un Marocain soit tenté par cette aventure : il doit avoir un enfant de moins de treize ans, entrer clandestinement avec la majorité de sa famille, attendre au moins deux ans une régularisation d‚autant plus improbable en des termes analogues qu‚elle a été calibrée pour calmer l‚émotion publique. Même si la régularisation reposait sur des critères plus généraux comme celles opérées en 1981-1982 et en 1997-1998, il est peu probable que cela incite de nouveaux candidats à entrer clandestinement en France. Aucun afflux d‚immigrés n‚a d‚ailleurs suivi les deux régularisations en question.

Le second cas est plus vraisemblable. Il peut être comparé au fait de creuser un trou dans le sable de la plage : si l‚on retire l‚eau qui s‚y infiltre, elle est aussitôt remplacée. En effet, les sans-papiers sont en général employés clandestinement à des conditions avantageuses pour leurs employeurs qui profitent de leur insécurité. La régularisation signifie donc souvent la fin de l‚emploi clandestin rendu disponible pour un nouveau clandestin. Ce raisonnement s‚applique bien sûr, et en priorité, aux 25 000 expulsions claironnées par le ministre de l‚Intérieur qui alimente ainsi lui-même le flux des clandestins à un coût élevé (on a parlé de 25 000 euros pour l‚expulsion récente de la jeune lycéenne malienne).

Il serait d‚ailleurs temps de dégonfler la baudruche de l‚immigration clandestine en France. Deux rapports récents, celui de la Cour des comptes pour 2004 et celui du Sénat en janvier 2006, sont tombés d‚accord sur une fourchette de 150 000 à 300 000 sans-papiers, ce qui est relativement modeste dans un pays de 60 millions d‚habitants (à titre de comparaison, le nombre des clandestins aux États-Unis est estimé à 11 millions pour 300 millions d‚habitants). Ces deux rapports n‚ont pas été rédigés par des gauchistes et leurs résultats sont repris par l‚ensemble de la droite et de la gauche. L‚estimation de la fourchette repose sur le faible nombre de candidats qui se sont manifestés lors des opérations de 1981-1982 et 1997-1998 (environ 150 000) et sur le nombre d‚inscrits à l‚aide médicale aux étrangers (AME) qui est d‚environ 160 000. Il faut ajouter que la France n‚est plus un pays attractif : chômage élevé, discriminations, discours politiques xénophobes y ont contribué. Le recensement de 1999 a été le dernier moyen sérieux de le constater (car, depuis lors, l‚INSEE a renoncé à des recensements exhaustifs, ce qui supprime le peu que l‚on pouvait connaître de la migration). Il fournit le nombre d‚immigrés selon leur année d‚arrivée. Et permet donc de le comparer aux entrées « à vocation permanente » fournies chaque année par le ministère de l‚Intérieur. Les chiffres sont clairs : sur 120 000 entrées « permanentes » en 1994, 66 000 seulement résident encore en France au recensement de 1999, 63 000 sur 106 000 pour les entrées de 1995, 64 000 sur 106 000 pour celles de 1996, etc. Ajoutés à l‚émigration de plus en plus massive de Français, ces départs montrent que notre pays n‚a guère à craindre un afflux d‚immigrés, mais plutôt l‚inverse.

Par Hervé Le Bras, démographe, directeur d‚études à l‚EHESS et chercheur à l‚INED

http://www.humanite.fr/journal/2006-07-29/2006-07-29-834292



@ Par Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l‚homme, un vivifiant rappel intitulé :



„Le mythe de l‚appel d‚air‰

„Les discours refusant la régularisation des sans-papiers cherchent à s‚appuyer sur la peur d‚une « invasion » (pour reprendre le mot de Valéry Giscard d‚Estaing précédant le Front national dès 1983) et sur le risque d‚« appel d‚air » que provoquerait une régularisation de grande ampleur. Ces propos, qui cherchent à séduire l‚électorat de l‚extrême droite, sont démentis par les faits : en Espagne, en Italie, au Portugal et en Grèce, des centaines de milliers d‚étrangers ont été régularisés par des gouvernements fort divers (Silvio Berlusconi serait-il trop laxiste aux yeux de nos gouvernants ?), sans que des hordes d‚immigrants submergent ces pays pourtant « en première ligne » dans la gestion des flux migratoires Sud-Nord.

Ce que nous avons vu à Ceuta et à Melilla, ce que l‚on sait du camp de Lampedusa et d‚autres lieux qui déshonorent les responsables des politiques migratoires de l‚Union européenne et de ses États membres, n‚a rien à voir avec l‚édiction ou le refus de mesures de régularisation : chacun sait que les causes des migrations sont ailleurs, et que les solutions permettant d‚éviter le drame humain qu‚elles représentent sont au Sud. Posons donc plutôt les questions de la démocratisation et du codéveloppement aux gouvernants français amis des dictateurs et aux grandes entreprises du Nord corruptrices des gouvernants du Sud.

La vérité est que, régularisation ou pas, l‚immense majorité des sans-papiers restera ici, parce que l‚avenir de ces femmes, de ces hommes et de ces enfants est ici. La responsabilité des hommes politiques est d‚expliquer que c‚est une bonne nouvelle pour notre société, et d‚accompagner ce fait social et culturel en ne sacrifiant ni le respect des droits fondamentaux de chaque individu, ni la diversité culturelle, ni le légitime débat démocratique sur l‚avenir de ce pays.

La vérité est aussi que les politiques actuellement menées en France et dans la plupart des pays européens, à la fois sur le plan de l‚emploi, de la protection sociale et de la lutte contre les discriminations, mais aussi en matière de coopération avec les pays d‚origine, entretiennent des conditions de flux migratoires indignes des valeurs dont nos gouvernants se réclament, produisent de la mort (comptons les noyés quotidiens au large des Canaries...), de la précarité, de la clandestinité et de la surexploitation.

La vérité est encore que le durcissement des législations relatives à l‚entrée et au séjour des étrangers, partout en Europe, conduit non pas à faire baisser le nombre de sans-papiers mais à le faire croître, à fabriquer du sans-papiers à grande échelle, ce qui crée plus de misère et de racisme, tout en entretenant ce que ces législations prétendent combattre.

La régularisation des sans-papiers est aujourd‚hui une évidente nécessité, pour faire cesser des situations massives de négation des droits fondamentaux incompatibles avec les normes d‚une société démocratique. Elle ne créera en elle-même aucun « appel d‚air », mais contribuera au contraire, comme ce fut le cas récemment en Espagne, à faire reculer le travail clandestin et à améliorer la situation financière de la Sécurité sociale. Elle ne dispensera pas pour autant de penser et de conduire une authentique politique de codéveloppement et d‚aide aux forces démocratiques dans les pays du Sud qui permettra aux ressortissants de ces pays d‚y vivre dignement et librement. Mais elle constituerait une rupture bienvenue avec l‚exploitation, depuis des décennies, de la peur, des fantasmes et des préjugés qui dressent travailleurs, voire exploités, les uns contre les autres, pour le plus grand profit économique et électoral de gouvernants sans scrupule.





@ Dans un „Rappel des faits‰ Ludovic Thomas célèbre 10 ans de lutte ˆ 10 ans déjà que les coups de hâche fracassaient les portes d‚une église occupée à Paris, - intitulé :



„Sans-papiers : régulariser, est-ce créer un nouvel afflux ?‰





(∑) Portée par une mobilisation sans précédent autour des enfants scolarisés dont les parents sont menacés d‚expulsion, la question des sans-papiers s‚est de nouveau imposée sur le devant de la scène médiatique ces derniers mois. Des cas emblématiques ont marqué les esprits, certaines personnalités ont même appelé à violer la loi en protégeant des clandestins. Contraint de réagir, Nicolas Sarkozy a lâché du lest et pondu, le 13 juin dernier, une circulaire permettant des régularisations, au cas par cas, en fonction de critères qu‚il a lui-même définis. Il a nommé également l‚avocat Arno Klarsfeld comme médiateur national sur ce dossier. (∑)



Lundi dernier, le ministre de l‚Intérieur a chiffré le nombre des régularisations prévisibles à environ 6000, alors que le délai d‚application de la circulaire n‚était même pas terminé. Se targuant d‚agir au nom de la justice et de la fermeté, il balaie ainsi d‚un revers de manche toute idée de régularisation massive, pratiquée pourtant par les gouvernements espagnols, italiens et allemands. Mettant dans le même sac le racisme de l‚extrême droite et l‚humanisme de la gauche, le futur candidat de l‚UMP à la présidentielle met des vies humaines au service d‚une stratégie personnelle. Affligeant. Ludovic Tomas



Bonne lecture

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