Lu dans "L'Humanité" du 26 mai 2006
De nombreux élus bravent les lois
En organisant des parrainages de parents ou de jeunes sans papiers, les élus deviennent le relais institutionnel des associations et organisations politiques.
« C’est un acte de résistance. » Assis au milieu des enseignants et des parents d’élèves de l’école Olivier-Métra (Paris 20e), Pierre Mansat s’explique. « La cérémonie de parrainage (des familles sans papiers) se déroule à la mairie, le lieu de représentation locale de la démocratie dans notre pays », dit l’adjoint communiste au maire de Paris.
Depuis des mois, les associations de défense des jeunes et des parents d’élèves sans papiers ont trouvé un relais institutionnel auprès de certains élus. De gauche, tous. Le 14 janvier, Danielle Simonnet, adjointe (PS) au maire du 20e arrondissement de Paris, parraine deux lycéens menacés d’expulsion. « L’expulsion signifie à ces jeunes que la société les rejette. Le parrainage, avec les élus, les enseignants et les parents, restaure une reconnaissance sociale », justifie l’élue, chargée de la jeunesse, de l’accès à la citoyenneté et des résidents étrangers non communautaires. Pierre Mansat lui fait écho : « Symboliquement, des élus de la République contestent des lois de la République qu’ils jugent iniques. Et aux familles, ils disent : vous faites partie de la communauté des citoyens. » « Il s’agit d’accueillir ces personnes au sein de notre République », selon Mireille Elmanan, maire de Pierre-Bénite (Rhône), citée dans le journal municipal.
Depuis, l’initiative fait florès. Plusieurs arrondissements de la capitale ont consacré leurs parrains, ainsi que plusieurs villes de province. « Nous ouvrons ainsi la maison commune qu’est la mairie, aux associations et aux organisations politiques », explique Michel Charzat, maire (PS) du 20e arrondissement de Paris. Le 15 mai dernier, lors du Conseil de Paris, les élus communistes ont déposé le voeu que « les mairies d’arrondissement soient des lieux de veille contre l’expulsion (des jeunes étrangers et de leurs parents sans papiers) à partir du 30 juin ». Les élus parisiens font ainsi leur le slogan du Réseau éducation sans frontières : « Nous les prenons sous notre protection. »
V. D.
Article paru dans l’édition du 26 mai 2006.