Belle mobilisation... à Redon, le 14 juin 2018. Il ne reste que quelques jours pour se mobiliser et signer la pétition.
Ce jeudi midi, de nombreux manifestants s’étaient rassemblés place de Bretagne, à Redon, pour soutenir Yaya Diallo, un Guinéen de 19 ans actuellement en formation pour devenir maçon à Saint-Nicolas-de-Redon. La préfecture refuse de traiter sa demande d’asile en France et lui a pris un billet d’avion pour l’Italie. Le départ est lundi prochain.
Avec une émotion visible, Yaya Diallo observe les nombreuses personnes qui sont venues le soutenir ce jeudi midi, place de Bretagne à Redon. Au moins 150. « C’est étonnant de voir autant de monde. Je ne m’attendais pas à être soutenu par autant de Français dans ma vie. Ces personnes ont pris du temps dans leur journée, dans l’espoir que je puisse rester », commente le Guinéen de 19 ans, touché.
Un billet d’avion pour l’Italie, lundi matin
Des personnes qu’il ne reverra peut-être jamais, puisqu’on lui a remis son billet d’avion pour une réadmission en Italie. Le départ est lundi. « En France depuis le 2 octobre, il a eu son premier rendez-vous avec la préfecture le 4 décembre dernier, pour entamer les procédures. S’il a franchi la première étape en janvier, il a perdu la deuxième, le 23 avril. Maintenant, il doit être expulsé vers le premier pays où il a posé les pieds en arrivant en Europe, c’est-à-dire l’Italie », détaille Yuna Quilly, son amie.
Originaire du pays de Redon, elle fait ses études à Nantes. C’est là qu’elle a rencontré Yaya, quand son université était occupée par les migrants. « Il dormait dehors depuis un mois. D’autres jeunes étudiants l’ont pris en charge. J’ai pensé à la formation à Saint-Nicolas. »
« Assidu, avide de connaissance, bien intégré »
Puis, les choses se sont enchaînées. Il a débuté une formation pour devenir maçon technicien au début du mois de mars. « Vraiment, ça se passe bien, on s’entend bien. Quand je ne suis pas là, pour des rendez-vous médicaux, ils s’inquiètent de mon absence », raconte le jeune migrant.
« Il est bien intégré. Son directeur de formation le décrit comme quelqu’un d’assidu, avide de connaissance, qui y arrive très bien », ajoute son amie. D’ailleurs, de nombreux costagiaires étaient présents pour le soutenir ce jeudi.
Dans une pétition, qui a déjà récolté 1 500 signatures depuis sa mise en ligne samedi dernier, il écrit : « J’ai noué et établi des relations en France. J’ai, au fil des jours, rencontré des jeunes et moins jeunes avec qui j’ai lié des amitiés qui me sont désormais indispensables pour espérer me reconstruire sereinement après ce chaotique parcours. J’apprends au quotidien aux côtés de ces connaissances précieuses. »
Un parcours chaotique
Son parcours chaotique débute en mai 2016. « J’ai fui mon pays. Je suis d’abord passé par le Mali, puis l’Algérie et enfin la Libye. » Une dernière expérience dont il n’aime pas trop parler. « Il est resté dix mois en Libye et a subi de l’esclavage et du travail forcé, avant d’arriver dans un camp de réfugiés en Italie », reprend Yuna Quilly.
Retourner dans ce dernier pays lui fait peur. « J’y suis resté cinq mois et c’était difficile. Je ne parlais pas la langue, je ne pouvais pas aller à l’école », explique-t-il, dans un bon français.
Avec cette mobilisation, ses amis espèrent obtenir « une réunion le plus rapidement possible avec la sous-préfecture de Châteaubriant. Nous voulons que ce soit la préfète de Loire-Atlantique et donc la France qui étudie la demande d’asile de Yaya, et non pas l’Italie où, avec la barrière de la langue, il a zéro possibilité d’intégration. »