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De nombreux jeunes migrants ont participé à cette manifestation
À l’appel de 60 associations un millier de personnes ont défilé dans les rues de Nantes ce samedi après midi pour que « plus personne ne soit à la rue ».
La manifestation s’est voulue pacifiste et calme ce qui ne l’a pas empêchée d’être déterminée et exigeante vis-à-vis des autorités. Partie de la place Royale après une prise de parole, le cortège, escorté par un impressionnant dispositif policier, a rejoint l’hôtel de Ville, puis l’Hôtel du Département et la Préfecture.
« À Nantes trois cents mineurs non Accompagnés sont à la rue, en squat ou en hébergement solidaire faute de solutions. Il s’agit que plus une seule personne à la rue ne soit expulsée de son logement ou de son abri sans solution de relogement. Il faut coordonner une réflexion commune pour identifier et mettre en place des solutions à partir d’une table ronde avec institutions, associations, organisations syndicales, citoyennes et personnes concernées. Nous demandons tout simplement que soient respectés les droits et la dignité des personnes comme la loi le prévoit » Corinne Ducleux, du collectif hébergement pour tous à l’origine de la démarche qui ajoute : « Nous n’avons eu aucune réponse des autorités. Nous sommes des associations telles que la Fédération des amicales laïques, Emmaüs, les Eaux vives, Brin de Causette et bien d’autres, c’est un déni de la société civile. Ils ont l’impression de faire des choses mais ce n’est pas proportionnel au problème. En Loire-Atlantique, ils ont créé 1 500 places quand il y a des milliers de gens dehors ».
Une interpellation
La police, qui a compté 650 manifestants, a procédé à une interpellation, à 16h35, à l'angle des rues Bellamy et Bouillé. Un homme de 20 ans, visage dissimulé, est allé au contact des CRS pour leur faire des doigts d'honneur. Sa garde a vue devait être levée dans la soirée, samedi. Il devrait faire l'objet d'une composition pénale.
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Nantes. La manif pour les sans-abri sous haute surveillance
Par Sylvie HROVATIN. | Publié le
Cet après-midi, l’appel des 58 associations préoccupées par le manque d’hébergement pour les sans-abri a réuni plus de 800 personnes dans le centre-ville de Nantes. Leur manifestation devant la mairie, l’hôtel du Département puis la Préfecture était encadrée par un impressionnant dispositif policier. Du jamais vu pour un rassemblement de cette taille. « Plus personne à la rue » est leur slogan. Les bénévoles qui sont au quotidien auprès des personnes en galère veulent que ça bouge du côté des pouvoirs publics. Pour tous ces acteurs de la solidarité, le constat est le même, les dispositifs d’hébergement d’urgence sont saturés. Il faut déployer des moyens supplémentaires. Ils proposent de chercher des solutions collectivement. Depuis l’automne, ils attendent que la préfète, la présidente de la Métropole et le président du Département, les entendent et organisent une table ronde. Cet après-midi, en cortège, ils ont fait halte devant chacune de ces institutions pour rappeler la dure réalité et leur volonté d’agir.
La manifestation "Plus personne à la rue" devant la préfecture de Nantes. | Ouest France
« Chaque nuit, à Nantes, ils sont plus de 300 mineurs dehors ou en squat, et près de 2000 vivant en bidonvilles. L’an passé, 4 200 sans domicile ont fait une demande d’hébergement en Loire-Atlantique, alors que, chaque jour, le 115 ne peut leur offrir que 25 places » , déclamait au micro Thierry Saunier, président d’Emmaüs 44 à Nantes. Il avait revêtu la cape noire et le béret de l’abbé Pierre. Le 22 janvier, cela fera onze ans qu’il s’est éteint, « ce serait un beau cadeau que de nous annoncer, ce jour-là, que nos élus nous invitent à une table ronde pour qu’enfin plus personne ne dorme à la rue. À Nantes et ailleurs. »
300 CRS déployés dans la ville
Dans le cortège, des retraités, des étudiants aux côtés des jeunes migrants mineurs isolés, des militants des droits de l’homme, des bénévoles d’organismes caritatifs. Ce collectif Hébergement pour tous réunit les acteurs de la solidarité dans toute leur diversité d’opinions, de l’anarcho syndicaliste marxiste au catholique. Un front commun devant les pouvoirs publics. Ils se sont demandé quel danger ils représentent en découvrant l’ampleur du dispositif policier déployé samedi après-midi pour leur manifestation. Des camions de CRS partout, le canon à eau, plus de 300 policiers casqués, certains armés de lanceurs de balles de défense…
Les forces de l’ordre ont encadré de près la manifestation des associations nantaises réclamant des moyens pour loger les sans-abri. | Ouest France
« Délirant, on n’a jamais vu un cortège aussi encadré. » Les CRS les suivaient en marchant le long des rues, formant un rempart devant les bâtiments. Coup de stress pour les organisateurs qui n’avaient aucune envie que ça tourne vinaigre. D’ailleurs, tout s’est bien passé. Aucune interpellation au plus fort du mouvement. Seul dérapage, ensuite, lorsque les étudiants sont repartis vers la Fac avec les jeunes migrants, toujours sous forte escorte policière. Un jeune homme de 20 ans a eu des gestes déplacés vis-à-vis des CRS. Il a été placé en garde à vue. « Ce sont les CRS mobilisés pour la ZAD que nous a envoyés la préfète. Ils avaient sans doute besoin de se dégourdir les jambes… » analyse en souriant un manifestant. En centre-ville toutefois, le ballet incessant des camions, gyrophares allumés, a inquiété les passants. Sans raison.
Nantes. « Le manque d’hébergement d’urgence est criant »
Par Sylvie HROVATIN. | Publié le
Bénévoles et militants de 58 associations nantaises ont battu le pavé, samedi 20 janvier 2018, pour le dire. Elles demandent aux pouvoirs publics une table ronde pour chercher des solutions collectivement.
Témoignages
« Chaque nuit à Nantes, 300 mineurs sont dehors ou en squat. Près de 2 000 personnes vivent en bidonvilles. L’an passé, 4 200 sans domicile ont fait une demande d’hébergement en Loire-Atlantique, alors que, chaque jour, le 115 ne peut leur offrir que 25 places. » Cette réalité, rappelée au micro par Thierry Saunier, le président d’Emmaüs 44 Nantes, devant la préfecture, les acteurs de la solidarité ne l’acceptent pas. Ils proposent aux pouvoirs publics de « trouver ensemble des solutions ». Ces bénévoles sont en première ligne pour voir les conséquences du déficit d’hébergement d’urgence. Ils racontent.
Sylvain Devriendt, de Médecin du Monde : « Dans les six bidonvilles de Couëron, Saint-Herblain et Nantes, où l’on va, les conditions de vie sont indignes. Pas de toilettes, l’accès à l’eau compliqué, les branchements électriques brinquebalants, les caravanes percées, les chauffages bricolés et dangereux… On voudrait que les 24 maires de l’agglo mettent les moyens pour résorber les bidonvilles. Rien d’insurmontable. On a su faire à d’autres époques. »
Manon, étudiante qui participe au mouvement ayant organisé un refuge pour les mineurs étrangers isolés sur le campus : « Maintenant, le 115 leur dit : allez à la fac. On est débordés. Comme on cherchait une solution plus durable, une maison a été ouverte. Les jeunes ont emménagé avant-hier et la police était là le lendemain. » Comme les jeunes migrants se sentent en sécurité près des étudiants, leur nombre croît. Ils sont désormais 130 et « pour la nourriture, ça devient difficile ».
Le président du Logis Saint-Jean : « Très peu de titres de séjour sont accordés actuellement. On sent que ça se durcit nettement, alors qu’il y a de plus en plus de gars qui arrivent. En ce moment, beaucoup de jeunes Algériens. Ils disent que dans leur pays, il faut payer le bakchich pour travailler. Dans notre accueil de jour arrivent des personnes transies de froid qui viennent dormir. Même dans les squats, ils dorment mal : trop de monde, des bagarres. On nourrit 200 personnes par jour. Notre local est en travaux, j’ai écrit pour demander une salle de remplacement. La préfète ne répond à rien et la Ville de Nantes dit qu’elle n’a pas de solution. C’est la paroisse Saint-Nicolas qui nous dépanne. »
Elisabeth Massamba, de Solidarité femmes 44 : « Notre centre d’hébergement est dédié aux femmes victimes de violences conjugales. Il nous arrive des demandes pour des femmes en précarité, des migrantes exposées aux violences sexuelles mais on n’a pas de place pour elles. On parle beaucoup des jeunes migrants, mais les femmes sont invisibles. Pourtant présentes aussi. Et on s’inquiète pour leur santé. »
Corinne Ducleux, du collectif Hébergement pour tous : « Les squats débordent (le collectif en soutient trois à Nantes) . Tous les soirs, des gens viennent. Pas de place. Du coup, on voit des familles s’installer dans le hall des urgences du CHU. Mais ouvrir des squats, ce n’est pas une solution, ça reste un lieu indigne. Et quand la préfète nous annonce la création de 1 500 places en Loire-Atlantique, nous disons, c’est insuffisant. Les besoins sont plus grands et, surtout, il faut des lieux d’hébergement inconditionnel. »
François, de la Cimade : « Les étrangers viennent à nos deux permanences hebdo d’accès au droit. Depuis plusieurs mois, avec ou sans papiers, ils sont de plus en plus sans logement. Et on a beau faire des actions en justice, un tri est fait, les jeunes hommes célibataires n’obtiennent plus de place en hébergement d’urgence. Une sélection naturelle un peu insidieuse s’installe. 300 mineurs sont en recours pour faire reconnaître leur minorité. Les délais sont de 9 mois. Durant ce temps, ils n’ont droit à rien, ni suivi social, ni hébergement. Donc à la rue. »
Associations et collectifs signataires : AC, ACO, Action Froid, AFPS44, Afrique Loire, ANADE, Apprentis d’Auteuil, ASAMLA, ATD Quart Monde, Babel, Brin de Causette, CEMEA, CCFD Terre Solidaire, CNL44, CSF, DAL, De l’Ombre à la Lumière (Mort de la rue 44), Du Monde dans la cuisine, Ecoute de la rue, Emmaüs44 Nantes, FAL 44, FAS44, GASPROM, GREF,Habitat&Humanisme44, la fabrique des gestes, la maison de Rezé, LDH, Le Carillon, Le Goût des Autres, Le Logis Saint Jean, Les Eaux Vives, Les Œuvres Sociales de la Fraternité de Nantes, Le planning familial, Le Relais Atlantique, Médecins Du Monde, MRAP, RESF, SOS Familles Nantes, Romeurope, Romsi, Une Famille Un toit 44, Comité Vigilance Solidarité du diocèse de Nantes, CFDA44 (ACAT - Accueil d’abord - Amnesty International - CIMADE - Diaconat Protestant - Pastorale des Migrants - Secours Catholique - Welcome), Collectif soutien migrants Nantes, Collectif urgence jeunes Migrants 44, Collectif des hébergeurs solidaires, L’Intersyndicale 44 (UD CGT-CFDT- FSU-UNSA - SOLIDAIRES 44), UD CGT Logement
APPEL AU RASSEMBLEMENT
samedi 20 janvier
2018
Place Royale à partir
de 14 h 30
Pour la création de lieux d'hébergement pour tous et toutes !
Aujourd’hui, à Nantes et son agglomération : • 23 personnes sont mortes de la rue en 2016 (région Pays de la Loire) • 300 Mineurs Non Accompagnés sont à la rue, en squat ou en hébergement solidaire faute de solutions • 1 974 personnes vivent en bidonvilles • 4 200 personnes sans domicile ont fait une demande d’hébergement d’urgence en 2016 dans le département de Loire-Atlantique, le 115 ne disposant que de 25 places par jour • 60 000 appels sont décrochés par an par le 115, qui apporte 70% de réponses négatives.
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Nous, associations, collectifs, organisations syndicales, citoyens et citoyennes, en appelons à la responsabilité des pouvoirs publics et leur demandons de : • Faire cesser cette tragédie. • Libérer en urgence des moyens supplémentaires et suffisants d’accueil inconditionnel dans des hébergements et des logements. • Agir pour que plus une seule personne ne soit contrainte de vivre à la rue, ne soit expulsée de son logement ou de son abri sans solution de relogement. • Coordonner une réflexion commune pour identifier et mettre en place des solutions à partir d’une table ronde avec institutions, associations, organisations syndicales, citoyen-ne-s et personnes concernées. • Nous demandons tout simplement que soient respectés les droits et la dignité de tout un chacun !
Pour que soient respectés les droits et la dignité de Toutes et Tous
Plus Personne à la rue - Pour un Accueil... Inconditionnel !!!