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La Toque, le Sésame, le Muguet et le Mil

Une invitation à partir…

Ce n’est pas une histoire. C’est la vérité crue. Celle qui aujourd’hui provoque dans tous les pays d’Europe, ça et là des drames, de temps en temps. Celle qui demain, si l’on ne réagit pas à l’exacerbation de la xénophobie d’Etat et du racisme, si l’on ne remue pas ciel et terre et si l’on ne déclenche un tollé contre le projet de directive européenne visant à légaliser l’enfermement interminable des « retenus » - le projet autoriserait jusqu’à 18 mois de rétention avant l’expulsion – deviendra le lot quotidien.

 Il y a un mois Baba Traoré, Malien de 29 ans mourait par noyade alors qu’il était poursuivi par la police (le 4 avril) en se jetant dans la Marne. Son pass « Navigo » ne l’a pas sauvé. En quelques jours Baba Traoré allait devenir un symbole de la lutte menée par le gouvernement contre les sans-papiers.

A peine un mois s’est écoulé depuis : un Camerounais sans papier s’est suicidé, jeudi 1er mai, au centre fermé de Merksplas (Belgique). Ebenizer Folefack Sontsa était âgé de 32 ans.

Le lot quotidien. Tout nous y prépare. Peu de gens se mobilisent ou donnent de la voix. On s’habitue, on s’endurcit.

Quelques parlementaires européens se sont alarmés, mais dans des « réseaux » ou des cercles (de silence ou de tapage) déjà « acquis » à la cause. Mais cette cause est la vie. Celle que nous inculquons à nos enfants. Qu’une vie est une vie. Que la vie d’un homme noir…

UN MORATOIRE SINON RIEN !

« Un moratoire sur les expulsions de personnes qui pourraient faire l’objet d’une régularisation », plaidait le jour même l’avocat de Mr. Folefack qui vient de perdre son « client ». M. Folefack était arrivé en Belgique en 2005. Il avait introduit une demande d’asile qui avait été refusée. Selon son avocat, il aurait pu être régularisé sur base du critère de l’ancrage durable ou d’un contrat de travail.

« La première tentative d’expulsion est considérée comme une invitation à partir et il ne devrait pas y avoir usage de la force », a commenté Me Alexis Deswaef. Une seconde tentative d’expulsion était prévue pour lundi. « M. Folefack n’a pas supporté la perspective d’une seconde tentative d’expulsion et a mis fin à ses jours », a expliqué son avocat.

Le Soir (1er mai 2008)

Ici le témoignage d’un homme qui s’était interposé lors de la 1ère tentative d’expulsion d’Ebenizer Folefack Sontsa :

Liège Indymédia (29 avril 2008)

 

La France n’a pas de leçon à donner

Nous tolérons, également en France, des situations qui confinent au tragique. Tout cela en notre nom pour atteindre les objectifs parfaitement arbitraires d’une politique du résultat hissée au rang de politique de civilisation. Et ce ne sont pas les gages d’humanité récemment donnés par le ministre Hortefeux qui suffiront à m’ôter cette impression tenace d’une honte européenne qu’on laissera en partage à nos enfants. Ce ministre de la République, pour calmer les foudres du chef de l’extrême droite l’accusant de faiblesse – s’il se confirmait que des sans-papiers grévistes d’Ile de France étaient régularisés, déclarait ainsi à Reuters, le 24 avril dernier : "Nous ne sommes pas des ayatollahs du chiffre" (24/04/08). Rassurant !

Des ayatollahs ? Pourquoi avoir choisi ce mot ? Je n’ai pas fait le tour du web, juste pioché sur Ayatollahpédia : « Un ayatollah est l’un des titres les plus élevés décerné à un membre du clergé chiite ».

Pourquoi ce choix quand le ministre avait à disposition : sommité, prélat, mandarin, pourquoi pas hiérophante, expert ou pontife ? Si ce n’est pour induire : ayatollah = islam = violence et terrorisme, alors « en avant » les expulsions !

Remplacez immigration par silence : serons-nous encore longtemps si peu nombreux à nous indigner, à abandonner les sans papiers au « silence choisi » ?

Un autre chiffre

Il n’est pas question de « culpabiliser les Français », contrairement à ce que prétendait lors de son voyage en Tunisie Nicolas Sarkozy, mais d’arrêter cette course folle à la politique du chiffre qui ne nous gagne qu’un résultat : la honte. L’arbitraire de la politique des quotas annuels d’expulsion n’est plus à démontrer.

Je ne suis pas une « pundit » du chiffre, mais je préfère lire le résultat du Sondage, pour et dans, l’Humanité, l’édition du 28 avril : 84% des Français pour la régularisation des travailleurs sans papiers. Certes, ce chiffre est obtenu « par déduction », 16% des Français interrogés s’étant déclarés « opposés à toute forme de régularisation ». Il constitue pourtant un contrepoint à l’idée obsessionnelle assenée par l’actuel gouvernement selon laquelle les Français accepteraient cette violence d’Etat, tant qu’elle s’abat sur des Africains, des Noirs, des Arabes, des Soudanais, des Chinois… De là au rejet global ou massif par des Français de cette politique, il y a encore un petit bout de chemin, mais la tendance s’inverse et le rapport de force est en train de changer.

La politique des quotas d’expulsion a fait la preuve de son absurdité.

La politique d’enfermement des étrangers aux frontières extérieures de l’Union européenne qui risque d’être adoptée au niveau européen est dénoncée partout en Europe sous le mot d’ordre : NON A LA DIRECTIVE DE LA HONTE !

Contre une Europe sertie d'une couronne de barbelés, de murs de béton, de camps de rétention, de centrales nucléaires civiles et de contrats d'association, on peut encore signer ! Le 20 mai, il sera trop tard !

32553 signataires

 Pour signer : Directive Retour

 

De plus en plus de gens, honnêtes citoyens, ni surinformés, ni hyperpolitisés, mais des gens : ceux que l’on sonde et qui constituent, au gré des sondages et des drames, l’opinion publique. Une opinion publique émerge, suffisamment diverse, disparate et désintéressée pour que son saisissement tout neuf interroge les politiques. Non seulement ceux qui ont soutenu, d’emblée, les projets du président élu, mais aussi ceux de l’Opposition qui ne les ont pas assez fermement combattus. Celui qui concerne la politique de « maîtrise des flux migratoires » dont la France à la veille de prendre la présidence de l’Union européenne aurait voulu imposer le modèle. Mais ce modèle – forçons le trait – c’est une Europe de 27 pays, barricadée derrière des murs et des barbelés construits sur les traces des anciens camps – camps de déportation et d’extermination aux frontières extérieures de l’Europe, à l’est et au sud et des camps d’internement sur le pourtour méditerranéen.

Le projet d’Union Pour la Méditerranée - UPM (ceux qui ont l’œil auront capté que ce sigle ne doit rien au hasard, les dyslexiques ayant les premiers lu le message « UMP ») aura chaque jour plus de mal à cacher qu’il n’est tourné que vers l’exploitation des faiblesses des régimes politiques en place dans les pays de ce pourtour méditerranéen auxquels on promet ce mirage du développement solidaire (feu « co-développement ») : un donnant-donnant, la terre contre la paix (ce principe de l'échange de la terre contre la paix à l'origine du processus engagé à Madrid puis accepté par tous (et qui) fonde depuis toujours la position de la France (au Proche Orient) et que la France tente d’adapter à la donne des migrations pour l’imposer à tous ses partenaires européens. Mais le nom s’est fait verbe et s’est souillé. Terre : Taire.

Taire les atteintes particulièrement dramatiques aux droits humains en échange de la paix, abaissée au rang de politique des droits de l’homme quand on a décidé de fermer les yeux ! La paix, la continuité, le soutien à des dictateurs à paillettes ou à otages. « Taire » contre la paix, leur propre sûreté, tant qu’ils s’engagent à retenir dans des camps de rétention les « indésirables », les migrants, on leur vendra le nucléaire civil, l’impunité et la sécurité. (cf. accord-cadre de coopération dans le domaine de l’atome civil signé lundi 28 avril avec la Tunisie).

Non à la xénophobie d’Etat, non à la honte d’une directive européenne dont le projet co-élaboré par le Conseil et le Parlement et voté en une séance unique et solennelle, risque de figer pour longtemps l’Europe raciste et xénophobe dans un repli identitaire hargneux !

Pour mémoire l’article éclairant paru dans « Libération » le 3 avril 2008 de Nathalie Ferré présidente du Gisti (Groupe d’information et de soutien des
immigrés).

Les oubliettes de l’Europe

Nathalie Ferré présidente du Gisti (Groupe d’information et de soutien des
immigrés)

 

La Toque et le Sésame

Même si l’on sait généralement que les enfants naissent en bas âge, trop de gens ignorent encore que l’on ne naît pas Français cuisinier dans un restaurant, que si l’on naît cuisinier par héritage ou par tradition familiale, Français on le devient ! Et contrairement à une idée recuite, la toque n’est pas le sésame !

Comme on sait que l’histoire repasse toujours les plats, c’est le message qu’a récemment voulu faire passer notre Président gastronome.

« On ne devient pas français parce qu'on travaille dans la cuisine d'un restaurant, aussi sympathique soit-il ». avant de suggérer aux patrons en manque de main d'oeuvre d'embaucher parmi les immigrés sans emploi en situation régulière. "Il y a 22% de chômeurs chez les immigrés réguliers", a-t-il souligné.

« On devient Françaismais « encore faut-il le demander », a-t-il d’ailleurs relevé avec sel.

Ce qui est saisissant, c’est que l’on se soit empressé de relever un lapsus là où il n’y a, selon moi, qu’une idée fixe. Car l’idée au cœur de la politique de l’immigration voulue par le ministre de l’intérieur, le candidat à l’élection et le nouveau président de la république tient dans cette évidence : que ne devraient être admis à l’immigration que les candidats résolus à la naturalisation, à devenir français. C’était déjà inscrit dans la circulaire de juin 2006, où l’un des critères de régularisation exposé puis « retiré » devant la levée de boucliers, faisait explicitement référence à la « rupture » des liens avec sa langue et son pays d’origine !  Comme si la liberté de circulation n’existait pas, comme si n’était pas inscrite dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dont on s’apprête à fêter les 60 ans le droit de quitter son pays et le droit d’y revenir !

Ce droit fondamental qu’est la liberté de circulation est énoncé dans l’article 13-1 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 et semble une condition préalable à l’exercice des autres droits fondamentaux ; cet article 13-1 posant comme un droit fondamental celui de pouvoir quitter son pays qui signifie nécessairement celui de pouvoir s’installer dans un autre pays !

Chassons la naturalisation, elle revient au galop !

Car enfin chacun sait que tous les migrants, munis d’un visa de tourisme d’une semaine à 3 mois qui entrent sur le territoire et oublient de regagner leur pays d’origine n’ont qu’une seule obsession, à laquelle ils sacrifient tout, parfois même leur vie : devenir français et rien d’autre. 

 

Le Muguet et le Mil

Le 1er mai avait mis cette année dans quelques grandes villes des banderoles de soutien aux travailleurs sans papiers grévistes d’Ile de France.

A Nantes ? Le Collectif Enfants Etrangers, deux pas en avant, trois pas en arrière, s’est invité en tête du cortège, avant de céder du terrain - une imaginaire "volée de bois vert" l'aurait terrassé ? - pour défiler dans le défilé.

Il paraît que nous étions près de 3000.

 

Il y aurait en France entre 200.000 et 400.000 étrangers en situation irrégulière, dont l'immense majorité travaille, notamment dans les petites entreprises de secteurs en pénurie de main d'oeuvre, comme la restauration, le bâtiment ou le nettoyage.

Or comme nous sommes déjà plus de 64 millions, Notre Président trouve que c’est déjà trop. Il y a trop de Français en France ! Et comme il n’y a plus aucune colonie où déverser ce trop-plein d’habitants, comme aucune guerre sur le sol national ne s’annonce sérieusement dans les 4 dures années qui le séparent de la fin de son quinquennat, la seule issue c’est d’externaliser ce surplus de sentimentaux décidément trop attachés au symbole de la France patrie des droits de l’homme !

Mil ou Miles : la graine, le fonio ou mil africain qui manque en Afrique (émeutes de la faim à Dakar) ou le billet de transport aérien des cortèges d’expulsion de policiers accompagnateurs. Si l’on décidait que désormais l’employé du ministère de l’immigration qui voyage pour sa compagnie, au lieu de se faire créditer les miles sur un compte personnel, ce qui n’est qu’un nouveau type de détournement aérien (détournement de fonds) déposait sur un compte "solidaire" les sommes ainsi détournées pour financer le retour de tous les expulsés sans jugement !

Les secrétaires généraux de la CGT et de la CFDT et les présidents de la Ligue des Droits de l’Homme et de la Cimade ont suggéré par courrier le 29 avril au Premier Ministre, François Fillon, « la tenue d’une réunion qui, sous son autorité, puisse rassembler les différents interlocuteurs – ministères concernés, organisations syndicales, organisations patronales, associations de défense des droits des étrangers et représentants des étrangers sans-papiers -, afin que soit dégagés les voies et moyens d’un règlement juste et adapté à la situation actuelle des travailleurs sans-papiers. »  (Fait à Paris, le 29 avril 2008 CGT, CFDT, Ligue des droits de l’Homme, Cimade).

Nous attendons beaucoup de cette réunion, notamment l'ouverture du processus de régularisation des travailleurs sans papiers grévistes.

Un autre chiffre ? 68 !

A l’appréciation du gastronome président : 73 % des moins de 40 ans jugent positives les retombées de ce mouvement de société (sondage Ifop pour dimanche Ouest-France).

Et les années 60 ont explosé

 

IdL 

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