Monsieur le Président de la République Française,
Au nom de tous les peuples qui souffrent, nous nous adressons à vous et à travers vous au grand peuple français, solennellement.
Nous ne sommes ni des criminels, ni des fainéants, ni des voleurs, ni des profiteurs. Nous sommes des hommes, des femmes, des enfants dans un monde sans oreilles, sans yeux, sans Raison, sans mains.
Un monde qui a oublié ou préfère oublier ses devoirs et sa raison d’être, pour l’homme, par l’homme et avec l’homme.
Nous venons de là-bas ! Afrique, Asie, Orient, Amériques…
Nous nous noyons dans l’Atlantique. Nous mourrons sur les fils barbelés des frontières aux quatre coins du monde. Nous subissons les coups des machettes, des fouets, des matraques. Nous sommes arrêtés, pourchassés, séparés, méprisés, divisés, “chartérisés”, hommes, femmes, enfants.
Et pourtant nous sommes là, encore là, toujours là parce que nous sommes votre reflet dans le miroir. On n’efface pas un reflet, il se présentera toujours à vous un jour ou l’autre.
Notre regard se tournera toujours vers ce grand peuple que vous représentez et qui représente historiquement l’espoir pour des millions d’hommes dans le monde. L’espoir, non pas d’un travail, d’un logement, d’une école, d’un mieux-être, mais l’espoir supérieur d’une voix, d’une parole, porteuses de Justice, de Respect, d’Intelligence, d’Equilibre, de Partage et d’Humanité à travers le monde.
Aujourd’hui… Nous sommes vos frères et vous ne nous voyez pas. Nous sommes vos soeurs et vous ne nous entendez pas. Nous sommes vos enfants et vous ne nous tendez pas une main apaisante.
Monsieur le Président de la République, grand peuple français, si nous n’avons pas de papier, nous ne sommes pas du papier, ni des nombres sur du papier. Nous nous appelons Togola, Otman, Salim, Sékou, Boureima, Ramdame…
Nous ne sommes pas dangereux, nous sommes en danger !
Merci