Texte trouvé par notre ami Luc Douillard :
RESISTANCE, UN COMBAT DE TOUJOURS !
par Jean Durand
Dimanche 13 août 2006
Il y a exactement neuf ans, en 1997, je déclarais : « Il y a cinquante ans, on pourchassait les juifs, désormais ce sont les immigrés »... « Les valeurs de la République que nous avons défendues dans la Résistance sont actuellement bafouées comme avec les immigrés de St Bernard ».
Nous avons alors, nous, une dizaine de résistants et déportés, boycotté la commémoration officielle de la Libération de Toulouse en août en signe de solidarité avec les sans-papiers expulsés de l’église Saint Bernard.
Presque 10 ans sont passés et nous revoici dans la même situation, celle de défendre les valeurs qui furent celles pour lesquelles nombre d’entre nous ont perdu leur vie.
Nous ne pouvons admettre et n’admettrons jamais que des enfants, pour de simples raisons administratives, voient leur scolarité brisée et leur avenir compromis.
Admettre cela c’est accepter l’intolérable et nous sommes biens placés pour savoir que garder au début le silence sur de tels faits finit tôt ou tard dans le drame.
Le respect de l’être humain, quelle que soit sa culture, ses convictions, sa nationalité est une valeur universelle qui ne se discute pas.
Hier les juifs, les tziganes, aujourd’hui les immigrés, les musulmans, demain peut-être à nouveau les juifs... La vigilance doit être permanente.
La démocratie et la tolérance ne sont jamais acquises une fois pour toutes, elles sont un combat permanent.
Nous autres résistants et déportés, sommes de moins en moins nombreux... il est temps que les générations d’après nous prennent le relais.
La solidarité qui s’est exprimée au travers du Réseau Education Sans Frontières est un réconfort pour nous et la justification de ce que furent notre engagement et nos sacrifices.
Jean DURAND Déporté – Résistant
Président du Conseil départemental de la Résistance de la Haute Garonne.
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Qui est Jean Durand ?
Né en mai 1926 à Paris. En 1940 son père est fonctionnaire au Ministère de la Guerre. Devant l’arrivée des troupes allemandes la famille quitte précipitamment Paris et s’installe à Saint Martory, petit village à 70 Kms au sud de Toulouse, au pied des Pyrénées. En raison de ses opinions, son père est déchu de ses droits et traitements... il sera réhabilité à la Libération. Le 1er janvier 1943, son père meurt. Jean prend alors contact avec la Résistance et entre dans le réseau « Libérer et Fédérer ». Il participe activement aux passages en Espagne de réfugiés et équipages anglais et américains d’avions abattus au dessus de la France. Dénoncé par un milicien, il est arrêté 8 novembre 1943 par la Gestapo avec 25 de ses camarades du réseau ainsi que quelques candidats au passage en Espagne. Détenu à la prison de Luchon puis de Saint Michel de Toulouse où il est torturé, il est déporté à Buchenwald où il est in extremis sauvé par un détenu anti nazi allemand.... Il a alors 17 ans, il y reste dix huit mois. Il apprendra plus tard que son sauveur a été liquidé par les SS. A la Libération, il est le seul survivant de son groupe arrêté avec lui. Il retourne à Paris où il constate que tout lui a été volé (appartement, meubles,...). Il s’installe à Saint Martory.
Il est de tous les combats contre le franquisme et nombre de militants anti fascistes espagnols lui doivent aide, assistance et de ne pas être expulsés de France.
La montée du Front National le remobilise, il sera président de « Ras le Front » à Toulouse.
Les mesures, lois et actions contre les immigrés et sans papiers le relancent dans l’action. Aujourd’hui à 80 ans, il soutient le Réseau Education Sans Frontières dans la Haute Garonne. Les parrainages se font sous sa Présidence.
Il préside pendant plus de 30 ans le Comité Départemental de la Résistance de la Haute Garonne et est aujourd’hui le dernier président en France, d’un de ces comités.
Il refuse farouchement le terme d’ « ex résistant » et déclare : « Quand on est résistant, c’est pour toujours ».